13 novembre 2025

« Isère Durable »: la majorité toujours en transition

Le rapport « Isère Durable » présenté par la majorité départementale devait être un tournant dans les politiques en faveur de la transition écologique du Département de l’Isère. Hélas, malgré un changement de ton et de vocabulaire, des enjeux majeurs sont écartés ou oubliés dans les ambitions affichées. Amandine Germain, tout en saluant certaines actions menées, a pointé les manquements de cette stratégie qui omet la moitié de notre territoire.

Est-ce le résultat des sessions de formation organisées pour les élus sur la transition écologique ? Ou le principe de réalité a-t-il rattrapé la majorité départementale, avec les évènements climatiques qui se succèdent, au dernier rang desquels les crues torrentielles qui ont emporté la Bérarde en Oisans ?

Toujours est-il que la stratégie « Isère Durable » affiche un changement de ton, de vocabulaire, et de direction. Les enjeux et la trajectoire de la transition écologique pour notre département sont posés, le groupe UGES partageant les constats faits dans ce rapport. Si le sujet n’était pas si grave, ce serait presque savoureux de noter que la majorité de droite fait désormais confiance aux données scientifiques, après 9 ans aux responsabilités. Et cela même, alors que le Président Jean-Pierre Barbier remettait publiquement en cause, dans nos débats il y a moins de 2 ans (débat sur la ZFE), le lien entre cancer et pollution- c’est-à-dire les données de Santé publique France.

Dans les actions déjà mises en place par le Département , le groupe UGES se retrouve sur plusieurs sujets :

  • La réhabilitation thermique des bâtiments départementaux : Hôtel du Département, collèges, établissements sociaux et médico-sociaux … ;
  • Les efforts faits dans le fonctionnement des services du département : dans la commande publique de la collectivité pour conforter les clauses sociales et environnementales, mais aussi en faveur de la responsabilité énergétique ou de la durabilité du matériel informatique ;
  • L’objectif tendant à proposer du 100% local (de qualité !) et bio dans les cantines ou encore le développement de la végétalisation dans les cours des collèges à travers les Cours Oasis, proposition que nous avions aussi portée en 2021.

Qui d’ailleurs pourrait être aujourd’hui en désaccord sur ces sujets ? Grâce à la plupart des collectivités ces sujets ont avancé partout en France et aussi ici en Isère. Précisons toutefois qu’ils ont souvent pu avancer en s’appuyant sur le Fonds Vert, dispositif de financement national nécessaire pour accompagner la transition dans les territoires, et que la baisse annoncée de 60% du budget national dédié au Fonds Vert doit collectivement nous faire réagir dans le cadre du Projet de Loi de Finances quand il sera enfin débattu au Parlement, tout autant d’ailleurs que le sort réservé au montant de la Dotation Globale de Fonctionnement des collectivités (DGF).

Si la majorité départementale prend la direction de la transition, elle s’arrête toutefois au milieu du chemin :

  • Comment parler d’Isère durable en passant sous silence les sujets majeurs pour les déplacements des Isérois que sont la ZFE ou le RER métropolitain, ces projets qui concernent bien au-delà des 450 000 isérois de la métropole, mais aussi ceux du Grésivaudan au Voironnais à minima, c’est-à-dire plus de la moitié des Isérois. Ces projets ont besoin de l’engagement du Département ! Alors que les transports figurent parmi les principes sources d’émission de gaz à effet de serre et que la pollution de l’air menace la santé des Isérois.
  • Comment parler d’Isère durable sans évoquer TOUS les territoires impactés par le changement climatique, la montagne certes qui n’est d’ailleurs étrangement pas cité dans ce rapport, mais aussi les territoires urbains. Les nuits dites « tropicales » (température qui ne descend pas en dessous de 20°) se multiplient partout en France, et en particulier dans le quart sud-est…Dans les centres-villes, dans les quartiers, il n’est tout simplement plus possible de respirer l’été. Le groupe UGES avait interpellé la majorité en octobre 2022 à l’occasion du projet « un arbre un habitant » pour que les ilots de chaleur soient recensés en Isère, et que les arbres soient prioritairement plantés là où les besoins sont les plus importants. Dans un cadre financier de plus en plus contraint pour les communes, le Département s’il ne peut pas tout, peut jouer un rôle déterminant pour développer les ilots de fraicheur. Ce volet reste malheureusement toujours absent.

Le Département prend la direction donc, mais semble s’arrêter en chemin et les 6 projets stratégiques évoqués dans cette délibération nous laissent finalement au milieu du gué. Comme si cette majorité avait une forme de fébrilité à avouer que, pour faire transition, il y a quand même quelques ruptures à assumer. Qu’elles soient populaires ou non.

  • Le Département évoque également le nécessaire « partage de la ressource en eau ». Mais pour éviter d’évoquer les conclusions de l’étude qu’il mène ? Que dit-elle sur les questions d’irrigation, d’assainissement ou sur les retenues colinéaires notamment ?
  • Le Département évoque la nécessité « d’adapter l’entretien des routes » ou encore « la Foncière environnementale ». Mais pour éviter d’évoquer la question de l’artificialisation des sols ? On ne pourra plus construire à l’infini, tout le monde le sait, et cela impacte forcément la manière de penser l’aménagement du territoire, la nécessaire construction de logements et les projets d’infrastructures.

A la fin de cette délibération, nous sommes finalement toujours au milieu du gué : des sujets majeurs passés sous silence, des pistes esquissées avec fébrilité. Comme si finalement cette majorité, elle aussi, était toujours en transition.

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