16 janvier 2025

Pour une agriculture et une alimentation locales de qualité

A l’occasion du débat sur la stratégie « Isère Durable » du Département de l’Isère, Sophie Romera est revenue sur les enjeux agricoles et la mesure « mieux de viande » portée par la majorité départementale.

Le Département souhaite donner une « véritable impulsion », en évoquant le changement climatique, la surexploitation des ressources, les pollutions, pour notamment faire un focus sur l’agriculture et l’alimentation locales et de qualité. Sauf que l’engagement s’arrête là ou plutôt reste trop évasif pour nous convaincre.

Quels objectifs concrets le Département de l’Isère priorise-t-il ? Quels indicateurs chiffrés choisit-il pour les atteindre ?Quelles pistes concrètes, quelles recommandations pour agir, avec les producteurs locaux, et inverser la tendance actuelle ?

Pour illustrer ces questionnements, dans la mesure annoncée « Mieux de Viande » il évoqué la viande blanche et la viande rouge. Nous savons aujourd’hui combien l’élevage coûte cher à la planète. Que ce soit en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de déforestation pour la production de la nourriture animale, de surconsommation d’eau et d’énergie. En France, même si la consommation de viande brute diminue chez les ménages, les produits carnés continuent de jouer un rôle central dans la composition des plats. Avec une moyenne de 60 kg de viande par an et par habitant.

Il ne s’agit pas là de faire de l’anti-viande, cela n’est pas la position du groupe UGES.

Cependant force est de constater qu’en France, entre 25 et 30% de notre empreinte carbone est liée à notre alimentation, avec un fort impact du secteur de l’élevage. Nous savons aussi que consommer plus de viande rouge, c’est émettre 20 % de plus de gaz à effet de serre, tout en consommant 20 % de plus de terres. Alors pour atteindre l’objectif de réduction de 10 % d’émissions de Gaz à effet de serre du Département de l’Isère, pourquoi ne pas favoriser les viandes blanches plutôt que les viandes rouges dans les cantines ? Il n’en est justement pas fait mention dans le rapport.

Cela pourrait également être moins de viande, parce qu’en remplaçant la viande de ruminant par de la volaille et en végétalisant les repas, on peut atteindre des gains autour de 30 % de gaz à effet de serre en moins, et de 40 % d’utilisation des sols en moins (c’est une étude de Inrae qui le dit). Mais de cela non plus il n’est pas fait mention dans le rapport.

Il ne s’agit pas de laisser tomber les agriculteurs de viande rouge mais de les accompagner vers plus de respect des sols, moins d’engrais de synthèse et un accès massif aux pâturages pour leurs bêtes. C’est cet objectif que le groupe UGES aurait souhaité voir inscrit à ce rapport.

Il existe en Isère des élevages de plusieurs centaines de MÊMES bêtes, notre département n’est donc pas à l’abri de l’élevage intensif (la Préfecture l’autorise). Ces élevages sont propices à la transmission de bactéries pathogènes et provoquent des maladies. Ils engendrent souffrances animales, pollutions, nuisances et dangers sanitaires. Quelle est la position de la majorité département sur ce sujet, non évoqué dans le rapport ? (Nous n’aurons pas de réponse).

Des raisons économiques sont au cœur de ces enjeux, mais c’est aussi le rôle du Département que d’accompagner ces transitions, et soutenir particulièrement les agriculteurs et agricultrices dans des pratiques agroécologiques.

Enfin, le Département aborde la notion de « viande de qualité« . Nous n’avons pas précisions, d’éléments concrets et mesurables dans le rapport. Pourtant, en respectant la croissance normale des animaux avec une durée d’élevage plus longue, un mode de production qui privilégie des solutions naturelles en cas de maladie plutôt que des traitements chimiques systématiques, on améliore le bien-être animal…mais aussi la qualité de la viande. Car on sait que les deux sont liés.

Ces deux exemples concrets étaient attendus dans l’objectif que le Département donne une véritable impulsion aux transitions du territoire.

Parce que nous défendons l’agriculture locale, nous voulons que notre collectivité l’accompagne à être plus vertueuse. Etre agriculteur ou agricultrice c’est un métier difficile et exigeant. Ils et elles ont besoin du Département pour les accompagner à prendre des risques et à innover. D’autant que leur rôle est majeur, aussi bien en matière d’autonomie alimentaire qu’environnementale.

Sources : WWF, Inrae Michel Duru, étude Que Choisir.

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