Le budget 2025 s’inscrit dans le cadre d’une loi de finances qui marque le désengagement de l’Etat – mais il faut noter que l’effort demandé aux collectivités est moindre par rapport à la catastrophe annoncée pour les collectivités à l’automne dernier sous le Gouvernement Barnier (5Mds à 2,2 Mds dont 900 M€ pour les départements). Dans un contexte budgétaire national marqué par les errements de l’Etat, les gouvernements successifs du Président Macron ont cette fâcheuse tendance à oublier les dépenses que les départements assument parfois seuls, avec des mesures imposées d’en-haut, le plus souvent sans concertation avec les territoires, et ce malgré une autonomie fiscale devenue quasi-nulle.
Pourtant, c’est en grande partie sur les départements que repose notre contrat social : ils doivent amortir des réformes nationales qui creusent trop souvent les injustices et la précarité ; ils doivent continuer à prendre soin et à amortir les chocs liés à l’augmentation de la pauvreté, au vieillissement de la population, au nombre croissant d’enfants à protéger, sans oublier de prendre en compte le dérèglement climatique dont nous sommes toutes et tous comptables et d’anticiper ses effets, que nous connaissons bien ici dans les Alpes, et qui ont été dévastateurs cette année 2024 en particulier en Oisans.
Dans ce contexte, l’ensemble des élus du groupe UGES saluent le travail des agents du Département, qui assurent le service public du quotidien : en première ligne pour prendre soin des plus vulnérables dans un contexte qui nécessite parfois de gérer épuisement, impatience et exigence des usagers ; au front pour réparer et sécuriser les lieux lors de catastrophes naturelles ou d’entretiens nécessaires sur nos routes ; au service de nos jeunes dans les collèges… Nous souhaitons saluer les 4 500 agents départementaux pour leur engagement du quotidien, qui permet de garantir à toutes et tous le service public en Isère.
En Isère, nous sommes assez « préservés » pour l’instant de l’effort demandé aux collectivités locales avec des recettes qui stagnent, mais nous notons des dépenses en augmentation liées :
- à des mesures prises par l’Etat, qui étaient nécessaires pour ce qui concerne les revalorisations salariales ou le Ségur, mais qui sont imposés aux départements sans compensation,
- à la situation sociale du pays, nous l’évoquions à l’instant.
Dans ce contexte, le groupe UGES est conscient des efforts de prudence à fournir compte tenu d’un contexte national, mais aussi géopolitique, contraint et instable, et il serait démagogique de notre part de dire que le Département peut et doit toujours dépenser plus. Mais ce qui est clair, c’est que si nous étions en responsabilité, nos choix budgétaires auraient été tout autre.
Nous ne partageons pas le choix assumé de la majorité départementale de « tailler au sécateur » dans les politiques sociales et environnementales pour financer un niveau d’investissement en augmentation cette année – assumé pour un tiers encore par de l’autofinancement donc par des recettes de fonctionnement.
Si l’investissement public contribue fortement à la dynamique de notre économie locale et que nous partageons la nécessité de continuer à investir, nous ne pouvons toutefois soutenir une orientation qui vise à augmenter l’investissement en rognant sur les dépenses de fonctionnement.
Nos questionnements lors du Débat d’orientation budgétaire sont confirmés par ce budget : la majorité départementale assume ce dogmatisme libéral de financer des investissements, sans recourir autant que vous le pourriez à l’emprunt, quitte à couper au « sécateur » dans nos politiques sociales, et environnementales.
Les coupes budgétaires opérées relèvent souvent de politiques partenariales, et le retrait du département fragilise de fait les actions menées, leurs impacts et leur résultat, en touchant les Isérois les plus vulnérables pour ce qui concerne votre désengagement dans le champ social (-3M€) : les actions de soutien à la parentalité qui voient leur crédits baisser une nouvelle fois alors qu’elles jouent un rôle essentiel en matière de prévention, ainsi que l’accompagnement social et l’insertion des jeunes, tout comme les crédits de la politique logement qui voient les aides à la pierre réduites, ainsi que les aides à la rénovation du parc social ou à l’isolation des logements pour les particuliers à faible ressources.
Dans le champ environnemental (-2,2 M€): fin de l’aide à ATMO, fin des aides à l’assainissement comme aux entreprises de la filière bois ou aux agriculteurs dans leur investissement à caractère environnemental, baisse des aides aux syndicats Gémapiens dans leur suivi de la qualité des eaux des rivières, désengagement progressif du Département des parcs et réserves naturelles …
Enfin, « si tout le monde doit fait des efforts » selon les propres termes du Président du Département, alors pourquoi certains devraient en faire plus que d’autres ? C’est une forme d’injustice assumée en se retirant de plusieurs politiques qui relèvent du cœur de l’action départementale, pour maintenir voire augmenter les aides publiques au secteur privé :
- La majorité assume, dans le contexte, de subventionner un promoteur immobilier privé dans le cadre de l’opération du Couvent des Dames Nobles à Vienne qui ne comprend aucun logement social, donc sans aucune contre-partie ;
- La majorité assume, dans le contexte, d’être finalement peu regardant sur les financements départementaux mobilisés sur l’opération publique-privée du Palais du Parlement ;
- La majorité assume, dans le contexte, de subventionner indirectement via la DSP sur l’aéroport les sociétés Vinci et par ricochet Ryanair, sans contre-partie ;
- La majorité assume, dans le contexte, d’augmenter encore les subventions en investissement aux collèges privés en Isère, sans contrôle particulier – et là encore malgré le contexte !-, alors que tant d’associations dans le champ social sont soumises, elles, à des contrôles rigoureux.
Cette majorité départementale répète souvent que « la confiance n’exclut pas le contrôle ». Tout dépend visiblement des acteurs concernés. Et à cet égard, les décisions prises nous interrogent vivement sur le bon usage de l’argent public. Il est évident que le groupe UGES aurait fait d’autres choix, et certainement pas celui de faire payer aux Isérois des opérations lucratives sur le dos des solidarités et de l’environnement.