Suite à la présentation du schéma de l’autonomie et des handicaps en Séance publique, Eléonore Kazazian-Balestas, conseillère départementale de Grenoble 2, est intervenue en Séance publique sur le droit au répit des aidant.es. Ce schéma autonomie aborde timidement la question du soutien aux aidant.es alors que le nombre de proches aidants va s’accroître fortement dans les prochaines années. Le groupe UGES aurait souhaité que des mesures concrètes soient proposées : de nouveaux lieux de répit dans le Département.
Mourir d’aider.
Iels les aident dans leurs tâches quotidiennes. Iels les accompagnent dans leurs rendez-vous médicaux. Iels les soutiennent moralement. Iels les aident à vivre, quitte à en laisser la leur. Iels sont les aidant.es et 1/3 d’entre eux se meurent avant même la personne qu’ils aident.
En France, ce ne sont pas moins de 9 millions de français.es qui aident chaque jour l’un de leurs proches. Pourtant, rare sont les aidant.es qui se reconnaissent comme tels et encore plus rare sont celles et ceux qui savent qu’il existe des dispositifs les concernant.
L’arrivée de la maladie, d’un handicap ou du grand âge, affecte la vie de la personne touchée bien sûr, mais pas uniquement. Les vies de l’ensemble de l’entourage de la personne à aider sont chamboulées.
Les conséquences négatives pour les aidant.es sont nombreuses :
– Leurs vies scolaires ou professionnelles sont perturbées car ils priorisent leur engagement d’aidant à leurs emplois qu’ils réduisent ou abandonnent,
– Iels ont une charge mentale et émotionnelle forte
– et un risque important de dégradation de leur santé, du fait de l’épuisement.
Pour autant, l’aidant.e est encore trop invisible dans le système de soin. L’inspection générale des affaires sociales a publié un rapport en février 2023.
L’étude montre que les aidant.es ont besoin :
– D’une meilleure lisibilité des aides et des offres de service dont ils peuvent bénéficier
– D’une meilleure articulation de leur vie professionnelle et personnelle
– D’un soutien psychologique
– Et de solutions pour souffler et prendre soin d’eux.
En d’autres termes, ils ont besoin de répit.
L’Association France répit définit le répit « comme des temps de rupture avec le quotidien, de ressourcement, d’une parenthèse qui n’est possible que si les aidant.es bénéficient d’une véritable tranquillité-d’esprit, dans une ambiance confortable, entourée par une équipe multidisciplinaire, dans une démarche d’accompagnement globale et tenant compte du cheminement de l’aidant.e. »
Le répit peut être un temps de rupture dans un quotidien qui est souvent devenu éprouvant. Le répit peut prendre plusieurs formes : il peut s’agir d’un accueil de plusieurs jours de la personne aidée, de temps court libéré, ou bien encore d’un temps de présence d’un professionnel au domicile.
Dans tous les cas, « le répit a pour but de soulager un quotidien devenu difficile, par la prise en charge du proche, il contribue aux ressourcements, au bien-être, à l’autonomie de l’aidant.e, comme de la personne accompagnée. »
Le rôle des aidant.es va s’accroître dans les prochaines années du fait de l’évolution démographique, du vieillissement de la population et de la hausse des maladies chroniques, mais aussi parce que les personnes souhaitent de plus en plus pouvoir rester à domicile, coûte que coûte.
C’est pourquoi, mieux reconnaître et soutenir les proches aidants et développer des solutions de répit dans leur quotidien doit devenir une priorité de nos politiques de santé.
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Malheureusement, dans le schéma autonomie présenté en Séance publique la question du répit n’est que brièvement abordée.
En effet, le rapport pointe les enjeux principaux mais sans malheureusement les développer à leurs justes mesures.
Dans ce schéma autonomie, nous aurions aimé retrouver : un référentiel des soins de répit, une liste de lieux de répit possibles et l’annonce de nouvelles places de répit.
Nous aurions aussi souhaité l’apparition de propositions innovantes à l’image des lieux de répit et de séjour partagé, accueillant en même temps la personne aidée en situation de handicap, ou en perte d’autonomie, et son proche aidant, dans le cadre d’un établissement proposant simultanément des prestations hôtelières et de tourisme, et avec une présence de professionnels médico-sociaux pour soutenir la personne aidée et son proche aidant.
Ou bien la création de structures intermédiaires permettant de prendre le relais des aidant.es, dans leur rôle quotidien auprès des personnes âgées dépendantes, en créant des haltes répit, essaimées sur l’ensemble du département.
Ou encore, des dispositifs innovants pour accompagner et offrir du répit aux familles en demande de soutien avec :
– Une maison de répit où chaque bénéficiaire peut venir 30 jours par an de manière consécutive ou fractionnée, avec une surveillance médicale assurée 24h sur 24 tout en gardant l’esprit d’une maison et de partage entre tous,
– Et la promotion des soins de répit avec des temps de rupture du quotidien, notamment via un accompagnement quant à la santé physique et psychique des aidant.es, et des temps d’échange quant à leurs vies bouleversées.
Et parce que 500 milles jeunes français.es sont aussi aidant.es, nous aurions aimé que ce schéma leur accorde aussi un répit particulier, avec par exemple, la mise en place d’ateliers de répit pendant les vacances scolaires grâce à la musique ou au cinéma.
Le Département, en tant que chef de fil de l’action sociale, se doit d’accompagner les aidés en offrant des lieux de répit aux aidant.es.