8 octobre 2024

L’austérité en réponse à l’aggravation de la pauvreté

Lors de la Séance publique du 9 décembre, Pauline Couvent, conseillère départementale de Grenoble 2, est intervenue sur le budget Cohésion sociale qui ne renforce toujours pas l’accompagnement des ménages les plus en précarité. Au contraire, le budget dédié à l’accompagnement social des personnes diminue de 100 000 euros ainsi que les crédits orientés vers l’innovation sociale. Alors que 30% de personnes en plus ont eu recours à l’aide alimentaire cette année en Isère, le budget alloué aux associations qui luttent contre la précarité alimentaire (accueils de jour, épiceries solidaires) n’augmente que de 2%. Une austérité budgétaire alors même que les recettes de fonctionnement du Département ont doublé cette année.

Ce budget Cohésion sociale 2023 est sourd non seulement à l’inflation mais aussi à ses impacts dévastateurs sur les plus précaires : femmes seules avec enfant, jeunes, personnes sans activité depuis de nombreuses années, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts face au poids des dépenses contraintes augmenté par l’inflation record. Sur ce point, le budget 2023 serre la ceinture des Isérois et Iséroises qui n’ont déjà plus grand chose à se mettre dans le ventre, c’est regrettable.

Et si les Isérois et les Iséroises sont de plus en plus nombreux à pousser la porte de ces associations c’est que la pauvreté s’aggrave chez les ménages les plus fragiles. Pourtant, ils sont nombreux à ne pas recourir à l’ensemble des droits auxquels ils peuvent prétendre. Pour le Revenu de Solidarité Active notamment, on estime au niveau national que ce ne sont pas moins d’un tiers des bénéficiaires potentiels qui n’en font pas la demande.

Ce non-recours au RSA est un risque pour le Département et les pouvoirs publics en général. Car le RSA n’a pas qu’un rôle curatif : il joue aussi un rôle préventif pour prévenir un écroulement économique, social ou sanitaire dont il est souvent difficile de se relever pour une personne déjà fragilisée et permet de se faire accompagner pour se projeter vers l’insertion et vers l’emploi. Le groupe UGES souhaite que le Département fasse de la lutte contre le non-recours une priorité. Dans ce contexte social compliqué, où souffrent encore plus les plus fragiles d’entre nous, le Département se doit d’assumer sa mission de chef de file de l’action sociale.

Enfin, il y a un mois, la majorité département lançait en grande pompe le nouveau Plan Départemental d’Insertion vers l’Emploi, PDIE 2023-2027, avec un objectif fort : insérer les publics “difficiles à mobiliser” qui ont des “besoins spécifiques” (accès au soin, à un logement, à une mobilité, maîtrise du français et des outils numériques, mais aussi garde d’enfants pour les nombreuses mères célibataires qui sont allocataires du RSA) avec un accompagnement renforcé et individualisé. Justement, c’est aujourd’hui, alors que le chômage est bas, qu’il y a une fenêtre pour insérer ces personnes vers l’emploi, en les accompagnant spécifiquement. Alors quel sens y-a-t-il à diviser par 2,  par rapport à 2017, les moyens alloués au programme “permettre de passer les étapes pour les plus éloignés”? De la même façon, pourquoi diviser par 3 le budget fléché au programme « soutenir les allocataires dans les démarches matérielles » par rapport à 2017 ? Malheureusement, en baissant le budget à l’insertion de ces personnes aujourd’hui, le Département de l’Isère passe à côté de la chance de leur donner les moyens de sortir de leurs situations précaires.

Parce que le contexte inflationniste et social nécessite une augmentation et non une baisse des crédits de cohésion sociale, le groupe UGES a voté contre ce budget.

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