Les conseillères et conseillers départementaux de l’Isère ont voté ce 8 décembre 2022 le déploiement du dispositif Territoire numérique éducatif pour lequel l’Isère s’est portée volontaire au côté de 11 autres Départements.
Les élu-es UGES ont voté ce rapport qui vise à mettre en place un appel à manifestation d’intérêt auprès des communes iséroises afin d’attribuer des Programmes d’action concertées (PAC) répondant aux besoins des écoles maternelles et élémentaires principalement pour leur besoin en équipements numériques.
Le premier confinement a ainsi mis en exergue les inégalités d’accès au digital et ses difficultés d’utilisation qui ont conduit à l’expérimentation nationale des TNE. Le lancement fut hasardeux et précipité, avec une difficulté accrue sur la bonne coordination entre les orientations de l’Etat et celles des collectivités locales. La formation des enseignants et l’accompagnement des familles n’ont répondu quant à elle que partiellement aux attentes. Ces difficultés résideraient-elles dans le fait que ce plan ait été lancé trop rapidement, sans discussion devant l’Assemblée nationale (sans projet de loi) en étant porté par un organisme rattaché directement auprès du 1er Ministre et non au Ministère de l’Education ? Chacun jugera.
Ce nouveau déploiement, dont nous espérons que les difficultés constatées aient été repensées, permettra ainsi de répondre à un réel besoin des communes, notamment rurales dans leur accompagnement au numérique éducatif et les transformations pédagogiques induites. C’est une bonne chose. La compétence d’investissement en matière d’équipements numériques pour les écoles appartient en effet aux collectivités locales, les communes ou leurs regroupements.
Les élu-es UGES vigilants sur le déploiement du dispositif et les conséquences du numérique à l’école
Mais ce dispositif et son déploiement doivent aussi nous interroger collectivement, nous souhaitons ainsi partager avec vous aujourd’hui plusieurs alertes que nous devrons garder en mémoire lors que le dispositif sera déployé dans les collèges.
- Nous regrettons que le volet « inclusion numérique » qui vise à l’amélioration de l’inclusion des élèves scolarisés en ULIS (et en SEGPA pour le secondaire) n’apparaisse pas dans cette délibération alors que ce PAC était présent dans la convention votée en mars dernier. Les élu-es UGES seront attentifs au prochain Appel à manifestation d’intérêt visant le 2nd degré et la prise en compte des programmes d’actions concertées relatif à l’éducation aux médias et à l’information (EMI) et au développement de l’esprit critique.
- Comme évoqué précédemment, la formation des enseignants que se partagent les DSDEN, le réseau Canopé et les constructeurs est complexe et demande d’abord du temps. Nos enseignants en ont-ils pour une formation qui se déroule à plusieurs niveaux : prise en main des outils numériques et les usages pédagogiques ? Quant à l’accompagnement des parents, piloté par le GIP « Trousse à projets » mérite une vraie démarche de « l’aller vers » afin de mobiliser les familles les plus éloignés du numérique.
- Nous pouvons également nous interroger sur le déploiement du numérique qui vise ici des enfants âgés de 3 à 6 ans alors que les études démontrent les effets néfastes des écrans sur la santé physique et mentale des enfants. Nous pourrions également interroger la plus-value de ces outils alors qu’aucune preuve scientifique ou retour d’expérience ne démontre un bénéfice à l’apprentissage pour les enfants. L’Education passe d’abord par le lien humain, et les différents confinements nous l’ont bien prouvé.
- Enfin, à l’heure de la crise énergétique et écologique que nous vivons au quotidien, interrogeons-nous également sur l’impact de ces milliers de tablettes produites par ces géants du numériques qui paient un impôt dérisoire dans notre pays.