8 décembre 2024

Education : la majorité départementale porte le choix de contribuer à faire une école à deux vitesses 

A l’occasion de la délibération concernant le Plan de Rénovation des collèges (octobre 2021), par la voix de Simon Billouet, le groupe UGES a interrogé la majorité départementale sur la mixité sociale et la ségrégation scolaire dans les collèges isérois.

La Vice-Présidente à l’Education avait signifié que le Département travaillait sur cette question, « parce que la mixité sociale, tout le monde en parle, tout le monde en veut, mais personne ne l’applique et nous allons l’appliquer ». C’était aussi ce qu’avait indiqué M. le Président à la rentrée 2019 au micro du Dauphiné Libéré.

Comme le rappelle le Conseil national d’évaluation du système scolaire, la ségrégation scolaire a un effet dévastateur, déplorant « échec et décrochage scolaires, du racisme, des préjugés, des dérives extrémistes, effritement de la solidarité sociale, problèmes de santé publique, épuisement des enseignants. »

Le Ministère de l’Education nationale, contraint par une décision de justice, a rendu publique l’étude relative aux Indices de Positionnement Social (IPS) des collèges. Le classement des IPS démontre de très profondes disparités entre les collèges isérois et particulièrement ceux situés dans l’agglomération grenobloise. Nous sommes ainsi pleinement concernés par cette question de mixité sociale.

Des solutions existent : le groupe UGES avait ainsi évoqué l’an dernier l’expérimentation portée par le Conseil départemental de Haute-Garonne à travers une politique ambitieuse d’affectation des élèves des quartiers les plus défavorisés dans d’autres collèges de l’agglomération, le tout accompagné par une offre de transport pris en charge volontairement par le Département. Cette expérimentation produit des résultats plus que prometteurs et pourrait être élargie à plusieurs agglomérations comme celle de Grenoble.

Au-delà de cette expérimentation, la publication des Indices de Positionnement Social nous pousse à regarder la disparité sociale qui existe entre les collèges privés et publics.

Lors des débats du précédent Budget primitif, M. le Président déclarait : « Je suis désolé, il n’y a pas que des parents aisés dans le privé, loin de là », et M.Chriqui renchérissait « nos collèges privés accueillent des enfants de toutes sensibilités ». La réalité des chiffres mise en lumière par cette étude sur les IPS est que dans les 700 collèges les moins favorisés dans notre pays, seul 23 sont privés. Dans les 700 plus favorisés, 424 sont privés.

Et dans notre Département ? Sur les 5 collèges les plus favorisés du Département, 4 sont privés. Et à contrario, sur les 20 collèges les plus défavorisés, 19 sont publics. Ces chiffres, ce sont la réalité, et ces chiffres ne sont pas contestés. Par exemple, Philippe Delorme, le secrétaire général de l’enseignement catholique déclarait récemment: « Les familles les plus démunies ne postulent pas chez nous (dans les collèges privés)» en ajoutant aussi que « l’entre-soi n’est pas quelque chose de souhaitable ».

C’est pour cette raison que les élu-es du groupe UGES avaient proposé en 2021 un amendement visant à moduler l’aide apportée aux collèges privées selon le respect de la carte scolaire et de la mixité sociale. Par exemple : non loin de l’hémicycle départemental, à moins de 300 mètres de distance, nous avons deux collèges dont les IPS moyens diffèrent de plus de 40 points. Sur un indice qui va de 38 à 179, 40 points de différence en moyenne !

En poursuivant sa politique d’aider les collèges privés au taux maximum quelle que soit leur politique de recrutement, la majorité départementale fait le choix de contribuer à faire une école à deux vitesses : une école où on donne moins à ceux qui en ont le moins.

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