Daniel Bessiron est intervenu sur le nouveau Schéma départemental des sports de nature voté ce 29 mars 2024 en insistant sur les enjeux environnementaux et le partage des usages dans les espaces naturels.
Les Iséroises et les Isérois aiment les sports de nature. Trois personnes sur quatre, âgées de plus de 15 ans, déclarent pratiquer des activités sportives dans la nature. Cependant, la prise en compte des limites environnementales par ce secteur est fondamentale. Cela peut paraître paradoxal dans le sens où nous connaissons tous les bienfaits de la pratique (santé) que nous cherchons à développer dès le plus jeune âge.
Le nouveau Schéma départemental des sports de nature de l’Isère a pour objectif de favoriser les loisirs de pleine nature tout en protégeant les espaces naturels. Il permet ainsi de faire exister les différentes pratiques sportives en milieu naturel en essayant de minimiser et supprimer les impacts sur l’environnement.
Comme justement rappelé dans le schéma, nous assistons ces dernières années à une forte augmentation de la pratique des sports de nature. Cet engouement a été renforcé par la crise sanitaire, l’arrivée du VTT à assistance électrique ou même le VTT de descente. L’Isère, par sa pluralité des espaces et leur accessibilité, offre un magnifique cadre de pratiques, c’est un élément d’attractivité pour notre département.
L’appréhension des pratiques sportives et de loisirs de nature ne peut pas se réaliser comme pour les autres disciplines plus classiques. Par conséquent, plusieurs dimensions sont à prendre en considération pour gérer durablement les activités et les lieux de pratique. C’est cette complexité, d’ailleurs, qui justifie l’association de tous les acteurs dans le cadre d’une CDESI ( Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires). Car elle anticipe et assume la conciliation des conflits d’usages. D’autant que cette mission de conciliation est composée d’acteurs locaux.
Deux enjeux semblent essentiels pour les élu-es du groupe UGES dans ce schéma, que nous retrouvons que partiellement dans l’axe « Cohabitation et biodiversité » :
- L’impact environnemental de la pratique, accéléré sur certains espaces surfréquentés
- Le partage des espaces naturels
Concernant les enjeux environnementaux des sports de nature, il nous semble essentiel que tous les acteurs s’engagent dans une politique de prévention et d’éducation. C’est en répondant à ces enjeux que nous pérenniserons les pratiques de sport de nature en continuant de valoriser nos territoires.
Sur le partage des espaces , l’actualité récente dans notre Département a mis en évidence la problématique du partage des espaces entre pratiquants, professionnels et propriétaires. Le Vercors, la Chartreuse et plus largement tous les massifs ou piémonts périurbains ont vu ses dernières années fleurir des pistes de VTT de descente hors sentiers balisés, dégradant ainsi les propriétés forestières et créant un conflit d’usage avec les sylviculteurs et les propriétaires. Cet exemple illustre ainsi les nouvelles problématiques soulevées par une pratique en extension et la problématique de sa régulation. Car, au-delà du conflit vététistes/forestiers/propriétaires, elle questionne aussi le partage des espaces et la sécurité envers les randonneurs, les cavaliers ou encore les éleveurs.
Nous pourrions également évoquer le partage des espaces avec les chasseurs, notamment sur les secteurs périurbains qui sont très fréquentés ou les sites ENS du Département plébiscités par les scolaires dans le cadre du dispositif départemental « En Chemin sur les ENS ». Ce sont tous ces conflits d’usage que nous devons anticiper pour échapper à de potentiels incidents parfois dramatiques. Cela requiert une indispensable attention partenariale pour protéger à la fois les pratiquants et les espaces.
Notre Département doit ainsi œuvrer en faveur du développement maîtrisé des sports de nature en définissant un cadre au niveau territorial. Il s’agit rappelons le, de satisfaire l’aspiration des personnes à pratiquer des activités sportives en milieu naturel, en la conciliant avec les autres usages de l’espace, la protection de l’environnement et le respect du droit de propriété. Certes, les Conseils départementaux sont les chefs de file de cette politique publique mais n’oublions pas que d’autres collectivités ont des compétences et doivent aussi s’impliquer dans ce domaine.