Au cours de la Séance publique du 31 mars, le groupe UGES a déposé un amendement lors de la présentation des orientations départementales en matière de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales. Cet amendement inscrit la prévention des violences faites aux femmes comme un axe majeur de l’action du Département. Marie Questiaux en a exposé la teneur à la majorité départementale : éducation à la sexualité des collégien.nes, augmenter le soutien à la parentalité, mettre en place un observatoire départemental des violences faites aux femmes. Des actions pour prévenir les violences faites aux femmes rejetées par la majorité.
La publication fin janvier du rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes démontre à quel point le sexisme et les violences qu’il engendre sont encore profondément ancrés dans notre société et s’empirent : 1 jeune sur 4 déclare avoir déjà eu des rapports sexuels non consentis. On ne peut que constater la lenteur d’exécution des mesures annoncées de l’Etat en 2018 sur les violences faites aux femmes : on a connu des causes nationales plus soutenues par celui-ci et surtout avec des effets plus visibles.
Nous partageons donc les orientations et les ambitions du Département en matière de prévention et de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales. Des ambitions que nous avons d’ailleurs portées lors de la dernière campagne départementale en insistant sur la prise en charge des auteurs d’agressions sexistes et sexuelles et la mise en œuvre des solutions d’hébergement du conjoint violent afin que la victime puisse rester chez elle si elle le souhaite.
Le groupe UGES a présenté en Séance publique un amendement pour renforcer la prévention des violences faites aux femmes qui devrait faire partie des axes majeurs du Département.
De par ses compétences en cohésion sociale, de l’accompagnement des familles et des collèges, le Département est en capacité d’agir à plusieurs niveaux dans la prévention des violences faites aux femmes.
Tout d’abord, les causes des violences faites aux femmes prennent racine dans l’éducation et les stéréotypes de genre qui s’inscrivent dès l’enfance. Ainsi, l’éducation des jeunes à la vie sexuelle et affective est primordiale pour prévenir et réduire la violence dans les relations sexuelles et plus généralement lutter contre les violences fondées sur le genre. C’est pourquoi la loi prévoit 21 séances d’éducation à la sexualité du CP à la terminale. En 2022, l’enquête du Planning Familial révélait qu’en moyenne les jeunes avaient reçu seulement 3 séances du CP à la terminale. Face à la carence de l’Etat, nous souhaitons à travers cet amendement que le Département donne plus de moyens aux Centres de santé sexuelle afin d’assurer cette mission de service public dans les collèges.
Également, les violences faites aux femmes ne se limitent pas au cadre conjugal et familial. Récemment, le budget consacré à la lutte contre les violences conjugales a été transposé du domaine familial à la cohésion sociale. En accord avec cette vision, il conviendrait d’adresser ce plan à la lutte contre l’ensemble des violences faites aux femmes et pas uniquement celles se déroulant dans le cadre conjugal ou familial. Nous souhaitons ainsi que le Département s’engage dans une politique publique de lutte contre les violences sexistes et sexuelles qui concerne toutes les femmes. La mise en place d’un observatoire des violences faites aux femmes départemental, comme il en existe dans de nombreux départements, serait ainsi un signal fort afin d’avoir un état des lieux des violences faites aux femmes en Isère, de coordonner les actions de tous les acteurs impliqués dans la lutte des violences faites aux femmes et d’évaluer l’impact des politiques publiques.
Enfin, cet amendement vise à renforcer le soutien aux associations d’accompagnement à la parentalité qui jouent un rôle important dans la prévention des violences conjugales. Les lieux d’accueil parents-enfants sont des espaces d’apprentissage de la parentalité et de valorisation des compétences des parents dans le soin qu’ils apportent à leur enfant. Ce soutien à la parentalité participe à résoudre des situations de conflits familiaux ce qui interrompt le cycle de la violence. Ces lieux d’accueil participent plus largement à la prévention des violences faites aux femmes. En effet, il est compliqué pour les femmes victimes de violences conjugales de prendre conscience de leur situation vécue, notamment lors de situation d’emprise et de violences psychologiques. Il est également difficile d’en parler, d’avoir recours à des professionnels. Ainsi, des lieux d’accueil ouverts à toutes et tous, respectant l’anonymat et la confidentialité, sont essentiels pour favoriser l’aller-vers les personnes en difficulté. C’est aussi à travers les échanges entre mères sur les expériences vécues qu’il est possible de rompre la situation d’isolement social dans laquelle se trouvent les femmes victimes de violences conjugales.
Enfin, nous inscrivons dans cet amendement l’engagement du Département à ne pas faire que renforcer ses orientations mais également ses moyens. Certes, le budget consacré à la lutte contre les violences conjugales est en augmentation. Cependant, comment s’en réjouir lorsque dans le même temps la majorité départementale réalise des coupes budgétaires dans le budget dédié à l’accompagnement à la parentalité ? Nous avons été alertés par des structures sur les conséquences générées par la baisse de soutien du Département de 30% aux lieux d’accueil parents-enfants. Tensions sur les salaires, risque de fermetures de créneaux…
De même, ce plan de renforcement intervient après des décisions budgétaires désastreuses dans le mandat précédent pour les droits des femmes. Marie Questiaux a rappelé la suppression de la subvention du Département au CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles de l’Isère) qui a entraîné la chute d’un acteur clé des droits des femmes en Isère qui accompagnait des milliers de femmes chaque année.
Pour conclure, la violence contre les femmes n’est pas une fatalité. Nous avons invité la majorité départementale à voter pour cet amendement afin d’investir largement le champ de la prévention pour une société plus sûre et épanouissante pour toutes les femmes.
Le président du Département a demandé aux conseillères et conseillers départementaux de voter contre cet amendement.