Intervention de Pauline Couvent à propos de la décision du Conseil départemental de relever la vitesse maximale de 80 km/h à 90 km/h sur les routes départementales. Le Groupe UGES a voté contre (sauf une abstention).
Nombreux sont nos concitoyens qui disparaissent chaque année sur les routes, emportés par des accidents. En France, ce sont environ 3 000 personnes par an qui décèdent et dans notre département elles étaient 78 en 2019 et 46 en 2020. Des vies brisées, celles des victimes en premier lieu, mais aussi celles des familles et celles des personnes impliquées dans ces accidents. Notre responsabilité d’élus est donc grande lorsque nous devons prendre des décisions qui touchent à ce domaine.
Aujourd’hui, vous annoncez vouloir augmenter la vitesse de 80 à 90 km/h sur 165 km de routes départementales. La justification apportée est que le passage de 90 à 80 km/h le 1er juillet 2018 a été peu suivi car il a provoqué je cite ’”une baisse de seulement 3,3 km/h sur les vitesses moyennes” et que “cette mesure ne s’est pas accompagnée d’une baisse d’accidentalité” (je reprends ici les élément du rapport qui est soumis au vote). Si la baisse de la vitesse moyenne de 3,3 km/h est le chiffre calculé par le CEREMA dans son rapport final de juillet 2020 (le CEREMA est un centre d’études et d’expertises public reconnu et qu’il a été missionné par le Gouvernement pour évaluer l’impact de la baisse de vitesse via ce rapport lisible ici), vous n‘avez pas repris ceux de la suite du rapport qui estime une baisse de 13 % de la mortalité routière sur le réseau national concerné, soient 349 vies sauvées en France entre juillet 2018 et février 2020 grâce à l’abaissement de la vitesse. Je ne peux pas vous cacher que la sélection partielle des résultats du rapport CEREMA, selon qu’ils servent ou non la justification du retour au 90 km/h interroge.
Sur notre territoire isérois, l’impact de l’abaissement de la vitesse est encore difficile à estimer car nous ne disposons que de 20 mois entre le début de l’application de la mesure et le début de la crise sanitaire et qu’il s’agit d’un territoire plus petit que le territoire national. Mais une chose est sûre, en 2019 en Isère, selon les chiffres officiels de la préfecture, la vitesse excessive a été la cause de 40% des accidents. Alors pourquoi vouloir augmenter la vitesse sur les routes iséroises si elles sont la cause d’une telle part d’accidents?
Enfin, une des mesures phares de votre campagne électorale de juin, le retour au 90 km/h était annoncé en concertation, en associant communes et habitants (voir ici à partir la 16eme seconde). Aujourd’hui, 5 mois après, où sont les réunions publiques, les discussions avec les habitants sur ce sujet qui les concerne au premier chef? Comment parler de discussion quand vous refusez de communiquer la liste des portions routières concernées par le relèvement à 90km/h et les éléments d’accidentologie qui ont permis d’identifier ces portions routières? En 2018, vous condamniez la méthode descendante avec laquelle le Gouvernement avait imposé l’abaissement à 80km/h. Force est de constater que vous utilisez une méthode similaire aujourd’hui.
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