8 octobre 2024

RD 1075 : les élu-es UGES écrivent aux maires du Trièves

Monsieur le Maire, Madame la Maire,

Le vendredi 20 mai, la commission permanente du Département de l’Isère a délibéré sur l’aménagement de la RD1075 entre le col du Fau et le col de Lus la Croix Haute, à l’issue de l’enquête publique qui s’est tenue entre le 3 janvier et le 11 février. Trois élu.e.s du groupe d’opposition UGES (« Union de la gauche écologiste et solidaire ») avaient eu l’occasion d’échanger longuement avec le commissaire enquêteur pour détailler sa position déjà exprimée par ailleurs (voir communiqué de presse du 9 février 2022 : https://www.uges-isere.fr/index.php/2022/02/09/reaction-a-lenquete-publique-sur-les-travaux-de-securisation-de-la-rd-1075/ ).

En préalable, le groupe UGES regrette à nouveau les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’enquête publique avec une seule réunion publique (annulée de surcroît) et des délais très courts. Au vu de l’ampleur des investissements, l’enquête publique aurait dû être l’occasion d’enrichir le projet afin de l’intégrer dans un projet de territoire. Au lieu de cela, nous craignons que le projet actuel ne soit d’abord destiné à améliorer la circulation de transit au détriment des usagers locaux et au risque de désagréments décuplés.

  • Suite à une réserve du commissaire enquêteur sur la nécessaire concertation, la délibération du Département « réaffirme sa volonté de poursuivre les échanges avec l’ensemble des personnes et collectivités concernées par le projet pour l’améliorer ». Le groupe UGES demande la mise en place au plus vite d’outils et d’instances de concertation, notamment pour bénéficier de l’expertise des usagers et éviter de créer des aménagements accidentogènes, comme cela avait pu être le cas en 2019.

Sur nos interrogations plus spécifiques, le rapport d’enquête public n’apporte que des réponses très partielles ou insuffisantes :

  • A propos de l’argument avancé par le Département du faible impact sur le trafic, on ne peut que souligner la perplexité des commissaires enquêteurs qui soulignent, entre autres que l’amélioration de cette « partie de l’itinéraire peut inciter les automobilistes à l’emprunter » (voir notamment pages 39 et 40 du rapport) ; il en est de même sur l’absence d’impact de l’augmentation du gabarit autoroutier dans les Hautes Alpes (« Cette affirmation demanderait à être démontrée. Intuitivement, il est possible de supposer que cette augmentation de gabarit aura malgré tout une influence. » page 40 du rapport). Le groupe UGES demande à ce qu’une réflexion soit engagée dès maintenant avec l’Etat et les collectivités pour s’assurer que la circulation de transit, notamment des poids lourds, n’augmentera pas à terme.
  • Un grand flou persiste sur la vitesse maximale autorisée : si le commissaire se satisfait que la vitesse ne soit pas aujourd’hui relevée (page 41 du rapport), la situation à l’issue des travaux n’est pas claire. Le groupe UGES réaffirme le souhait que l’itinéraire soit limité à 70km/h en dehors des créneaux de dépassement. C’est un enjeu de sécurité et de réduction de la pollution.
  • L’insuffisante prise en compte de la sécurité des cycles est à déplorer, avec des aménagements se conformant a minima aux exigences légales en la matière. La seule réponse du Département à ces inquiétudes est la proposition d’installation de marquage sonore ne répondant pas aux exigences de sécurité comme le souligne la commission d’enquête (« Cette solution rappellerait aux automobilistes un peu distraits la présence de cette piste cyclable. Elle n’empêchera pas quelqu’un de la franchir délibérément. » page 41 du rapport). On peut toutefois se réjouir de la proposition d’une voie séparée sur la section Clelles – Longefond, où aucun itinéraire secondaire n’est disponible. Cela ouvre la possibilité d’une définition d’un schéma cyclable continu sur les routes secondaires : c’est manifestement la solution favorisée par le Département. Si l’initiative doit relever de la communauté de communes, comme cela est spécifié, le Département a le pouvoir d’être moteur de ce schéma au-delà de sa seule position de guichet à aide financière. Son expertise technique, l’articulation avec sa compétence tourisme ainsi que son engagement dans la réflexion sur la véloroute V64 doivent faire du Département un acteur majeur de ce futur schéma en soutien de la communauté de communes.

Au vu des différentes insuffisances évoquées, de son caractère exclusivement routier, le projet actuel d’aménagement de la RD1075 apparaît au groupe UGES comme une occasion manquée pour le territoire du Trièves et pour la transition écologique. Même si elles demeurent insuffisantes, les pistes d’amélioration évoquées dans le rapport de la commission d’enquête doivent être mises en œuvre pour gommer les aspects les plus critiquables. Le Département dans sa réponse au commissaire enquêteur argue d’ailleurs que le projet demeure ouvert à améliorations et ajustements.

Il convient par ailleurs de replacer ce projet dans le contexte plus global de projet d’achèvement de l’autoroute A51. Ce projet divise profondément les habitants du Trièves depuis plus de quarante ans. La plupart des opposants à l’A51 défend depuis toujours des aménagements de sécurité de la route existante. Le groupe UGES est aujourd’hui profondément convaincu que ce projet de nouvelle autoroute est un non-sens dans le contexte d’urgence climatique. Cela doit être acté publiquement par la majorité départementale. Une telle prise de position ferme couplée avec la mise en œuvre réelle des préconisations de la commission d’enquête apparaît pour le groupe UGES comme une issue à cette situation qui empoisonne le Trièves depuis trop longtemps

Au vu de tous ces éléments, le groupe UGES a décidé de voter en faveur de la délibération soumise au vote à propos du projet d’aménagement de la RD1075. Ce vote ne doit nullement être vu comme un blanc-seing au projet porté par la majorité départementale. Ce vote est un pari sur l’intelligence collective pour penser un projet de déplacements pour le Trièves enfin débarrassé des chimères de l’A51 et pour poursuivre l’amélioration du projet au plus près des besoins de tous les usagers et habitants au cours des travaux et au-delà pour se prémunir des impacts négatifs à moyen terme. Le groupe UGES se déclare disponible pour accompagner toutes les initiatives.                

Restant à votre entière disposition pour échanger autour de ce dossier, nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, Madame la Maire, à l’assurance de nos sincères salutations.